Actualité

Sortir complètement, beaucoup, un peu ou pas du tout du nucléaire

Le choix entre l'abandon, la réduction ou le développement de l'énergie nucléaire est devenu un des thèmes clés des élections de 2012. Le coût de ces différentes options est difficile à évaluer, leur impact sur l'emploi aussi, mais il devrait être possible de se mettre d'accord sur les conséquences des différentes options. Demander aux Français s'ils veulent sortir du nucléaire est essentiel, mais à condition de leur indiquer ce que cela implique. Il n'existe que quatre solutions : énergies fossiles, énergies vertes, rationnement et énergie nucléaire.

Énergies fossiles

Produire la majorité de l'électricité avec des énergies fossiles, charbon, pétrole et surtout gaz, c'est la solution la plus simple, et celle retenue en priorité par l'Italie ou l'Allemagne. Les technologies sont au point et, pour les industriels qui proposent ces centrales, le marché mondial constitue une opportunité considérable grâce aux découvertes de nouveaux gisements de pétrole et de gaz conventionnels ou de schiste.

Problèmes

  • Accroissement massif de production de gaz à effet de serre
  • Dépendance vis-à-vis des pays fournisseurs : Russie, Afrique du Nord, Moyen-Orient
  • Doublement du prix de l'électricité
  • Risque d'augmentation du prix des produits à la source des énergies fossiles, et de pénurie
  • Quantité finie d‘énergie fossile (stock de 100 à 200 ans)

Énergies vertes (éoliennes, biomasse, agrocarburant (biocarburant), photovoltaïque, thermique solaire)

Ces énergies ont été retenues par le Danemark, l'Allemagne ou l'Espagne pour compléter la production majoritaire de leurs centrales thermiques. Elles évitent toute dépendance vis-à-vis de pays étrangers, sont durables et génèrent peu ou pas de gaz à effet de serre.

L'énergie hydro-électrique est idéale mais il reste très peu de sites favorables en France.

Problèmes

  • Prix brut du KWh de deux à quatre fois plus élevé que celui de l'électricité nucléaire
  • Prix net du KWh de quatre et à huit fois plus élevé que celui de l'électricité nucléaire (quatre : éoliennes terrestres, six : éoliennes marines, huit : photovoltaïque). Le prix net prend en compte les problèmes de gestion du réseau électrique, d'intermittence de la production et donc de stockage ou de complément par des centrales à gaz.
  • Emprises sur les terres
  • Éviction de la production alimentaire (sucre, maïs, …)
  • Pollution sonore et visuelle (éoliennes, panneaux photovoltaïques sur les bâtiments)
  • Faible potentiel d'amélioration des performances (éoliennes, biocarburants)
Prix du MWh
Vente par EDF du MWh nucléaire à ses concurrents 35 à 45 €
Rachat par EDF du MWh d'électricité "verte" :
Éolienne terrestre 82 €
Éolienne marine 130 €
Solaire photovoltaïque (au sol) 266 à 352 €
Solaire photovoltaïque (bâtiment) 370 à 580 €
Solaire thermodynamique 328 €
Biomasse 125 à 175 €

(Source site du ministère du développement durable)

Énergie nucléaire

L'énergie nucléaire a produit de l'électricité de façon efficace et économique pendant ces cinquante dernières années, avec une seule catastrophe et deux incidents sérieux. La complexité de sa technologie n'est maîtrisée que par quelques pays développés dont la France, employant des techniciens de haut niveau à la fois pour sa construction et son exploitation. Un atout important pour notre pays et un cas typique de la « montée en gamme » indispensable de l‘économie française. La filière nucléaire civile emploie entre 150.000 et 250.000 personnes en France chez EDF, AREVA, ALSTOM, CEA, et dans de nombreuses PME de haute technologie [1].

Le nucléaire : un devoir de solidarité avec les pays émergents

La disponibilité d'énergie fossile abondante, peu chère et facile à mettre en œuvre a grandement facilité le décollage économique de l'Occident. Il serait équitable que les pays développés ne continuent pas à monopoliser cette énergie si commode à son seul profit mais se tourne vers l'énergie nucléaire qu'ils sont les seuls à pouvoir mettre en œuvre avec le maximum de sécurité.

Ses dizaines de sites sont répartis sur tout le territoire, notamment dans des zones peu développées. En 2010, la France a un solde des échanges d'électricité avec les pays étrangers positif de 30 Terra watt heures. Un solde qui devrait nettement s'améliorer dans les prochaines années (le solde était de deux à trois fois supérieur dans les années 2000-2008). AREVA est également un exportateur important de combustible nucléaire et de service de retraitement de déchets nucléaires.

Problèmes

  • Risque de pollution nucléaire
  • Quantité finie de minerai d'uranium (200 à 400 ans)
  • Opacité des coûts en France en raison du monopole d'EDF

Tickets de rationnement

Vu les problèmes posés par les trois approches précédentes, une forte baisse de la consommation d'électricité est vue par certains comme la seule solution pour l'avenir. En 2011, la consommation continue [2] pourtant à augmenter légèrement malgré la crise, signe de l'augmentation de la population et de l'amélioration du niveau de vie moyen des Français. Une évolution souhaitable que les coûteux et inefficaces plans mis en place par l'État ne peuvent empêcher : ampoules basse consommation, certificats d'économie d'énergie, campagnes publicitaires de l'ADEME, subventions en faveur d'équipements économes. Les partisans de cette décroissance de la consommation électrique (de 40 à 60% en 30 ans !) admettent qu'elle ne pourrait être obtenue que par des mesures très autoritaires, une perspective qui ne fait absolument pas peur aux partisans de cette méthode : quota de consommation électrique par personne, obligation de réaliser des travaux non rentables dans les bâtiments, augmentation drastique du prix de l'énergie au-delà d'un niveau de consommation autorisé, baisse autoritaire de la température dans les logements et de la vitesse des transports, interdiction de la climatisation, etc.

Problème

  • Régression économique et sociale
  • Abandon d'un avantage économique

Conclusion

Si l'on ne veut ni d'une augmentation massive de la production de CO2 et d'un risque de pénurie (énergies fossiles), ni du quadruplement du prix de l'électricité (nouvelles énergies dites vertes), ni revenir au temps des tickets de rationnement, il n'existe actuellement qu'une seule solution : le nucléaire. C'est en plus un avantage pour notre industrie avancée et un témoignage de solidarité avec les pays moins développés.

[1] Remplacer le nucléaire par d'autres énergies peut revenir à remplacer des emplois très qualifiés, très productifs et assez peu nombreux par des emplois peu qualifiés, peu productifs et parfois très nombreux. Dans quelle catégorie la France veut-elle jouer ?

[2] Les chiffres définitifs de 2011 indiquent une baisse de 6,8 % de la consommation d'électricité due à un climat très doux. En excluant ce facteur, la consommation a augmenté de 0,8% malgré la crise et la baisse de la production industrielle